La première ministre du Nouveau-Brunswick, Suzanne Holt, a rencontré cette semaine les représentants du District scolaire francophone Sud (DSFS) au Centre communautaire Sainte-Anne, à Fredericton. L’échange, qui réunissait le président du Conseil d’éducation Michel Côté, la directrice général du district, ainsi que des représentants des jeunes, visait à dresser un portrait clair des besoins pressants en infrastructures scolaires francophones. Des élèves, dont la jeune Fannie Fournier de l’école Samuel-de-Champlain, ont aussi pris la parole pour rappeler l’importance d’investir dans l’avenir.
Pour la première ministre, également députée de Fredericton-Sud-Silverwood, cette rencontre a été l’occasion de constater l’ampleur des besoins directement dans sa circonscription. « Clairement, ici, à l’école Sainte-Anne, on a de gros besoins d’infrastructure, parce que ça déborde ici », a-t-elle affirmé. Holt a souligné qu’elle se sent désormais mieux préparée pour défendre les priorités locales et provinciales autour de la table du Conseil exécutif, dans la perspective du prochain budget d’immobilisation.
Du côté du district, Michel Côté a insisté sur la rareté des occasions d’échanger directement avec la cheffe du gouvernement. « C’est la première fois qu’on peut faire valoir ces besoins-là à la première ministre », a-t-il dit, rappelant que des démarches semblables avaient déjà eu lieu auprès de la ministre de l’Éducation et des députés de chaque région. L’objectif, selon lui, est que les élus comprennent bien la gravité de la situation et l’urgence d’agir. Avec neuf classes mobiles déjà installées à Saint-Jean et des écoles en surcapacité à Fredericton, Moncton et Riverview, le DSFS considère qu’il est à un point de rupture.
Les quatre projets jugés prioritaires par le district sont clairs : un nouvel établissement à Riverview, un autre à Moncton, une expansion de Samuel-de-Champlain à Saint-Jean et des investissements immédiats à l’école Sainte-Anne de Fredericton. Le district espère que ces projets pourront franchir une étape concrète dès 2026-2027. « On est rendu à un point où il n’y a plus d’options », a affirmé Michel Côté. « Ne pas avoir des environnements d’apprentissage adéquats coûte encore plus cher, selon moi. »
La question des inégalités entre réseaux linguistiques a aussi été évoquée. La première ministre a reconnu que la Charte, et notamment l’article 23, impose au gouvernement de garantir des infrastructures équivalentes aux communautés francophones. Elle a insisté sur le besoin de fonder les décisions sur des données fiables de démographie et de croissance scolaire, afin de répondre aux besoins réels, parfois changeants, des communautés.
Du côté des jeunes, Fannie a livré un témoignage personnel et engagé. « Je veux m’assurer qu’on ait un espace francophone dans la région, qu’on soit capable d’aller chercher tous les francophones », a-t-elle déclaré. Selon elle, ces projets d’écoles ne se règleront pas du jour au lendemain, mais ils sont essentiels pour les générations futures. « Ma sœur, par exemple, va vivre ces réalités dans les prochaines années », a-t-elle ajouté, rappelant que la croissance démographique est loin de ralentir.
Le DSFS estime avoir 16 projets d’infrastructures en attente dans son réseau. Depuis dix ans, il a accueilli plus de 4 200 élèves supplémentaires, sans qu’aucune nouvelle école francophone n’ait été annoncée durant les six dernières années. Pour les représentants, ce rattrapage est inévitable et urgent. Le message a désormais été livré directement à la première ministre : reste à voir s’il sera entendu dans les prochaines décisions budgétaires.